À la tombée du jour, c’est sous un ciel chargé de promesses d’orage qu’Alexandre Mattiussi invitait à découvrir sa toute dernière collection dans un décor aussi bien “à la petite parisienne” que subtilement cinématographique. La collection Printemps-Été 2026 d’AMI s’est déployée au cœur du quartier même du créateur, à quelques pas à peine du siège de la maison, réunissant autour du podium circulaire non seulement les fidèles de la mode parisienne, mais aussi une poignée de figures internationales – Bright Vachirawit, l’acteur thaïlandais et ambassadeur Burberry, le Japonais Dori Sakurada, ou encore Yu Cheng En, dont la présence soulignait la tentative de résonance cosmopolite du défilé.

Dori Sakurada

Plutôt que de rechercher l’effet spectaculaire, Mattiussi a puisé dans la grandeur discrète du décor choisi : la Place des Victoires, rien de plus, encerclant la silhouette équestre de Louis XIV, où les invités. Les invités sirotent, discutent, tirent sur une latte de tabac. Les codes AMI – chic sans ostentation, élégance sans rigidité – aussi pertinent sur les pavés parisiens que sur le podium.

Cette saison, Mattiussi dit non au stéréotype du luxe. La grandiloquence ? Trop peu pour lui, AMI proposera une vision subtilement radicale du luxe contemporain, attentive au rythme de la vie quotidienne.

La beauté d’à côté

Alexandre Mattiussi privilégie la proximité, la mémoire du quartier, l’intimité d’un lieu qui lui ressemble. Le choix de ce décor, à quelques pas seulement du siège d’AMI, ancre le défilé dans la volonté de ne pas s’exposer hors-sol, mais dans le quotidien, dans la vie réelle de la capitale. Les invités, installés en cercle, participent à cette scénographie de la proximité, où chaque regard, chaque murmure, chaque geste – cigarette allumée, veste posée sur l’épaule – contribue à l’atmosphère d’un Paris vivant, un pied dans les clichés de carte postale, un pied dans le réel.

La fraîcheur des contrastes subtils

La collection Printemps-Été 2026 d’AMI Paris ne peut cacher sa passion pour le vert matcha, bleu encre, blanc cassé, jaune pastel. La gabardine croise la laine légère, le cuir grainé s’unit au denim brut, tandis que l’organza aérien apporte une touche de transparence. Les surpiqûres larges côtoient les motifs argyle délicats. Les jeux de superpositions, omniprésents, apportent une légèreté estivale (même sous les premières gouttes de pluie), tandis que les chemises rayées, à moitié rentrées dans le pantalon, traduisent une décontraction délibérée.

Ce vestiaire se construit sur l’art du contraste : entre le workwear oversize et la finesse des tissus, entre couleurs franches et teintes apaisantes, entre structure et fluidité.

Un Paris nonchalant

Les volumes généreux s’affirment. Il est question de pantalons larges, jupes trapèze aux accents seventies, blazers box. Les chemises rayées, les robes en maille fluide et les vestes ajustées, avec une pointe de fausse négligence.

Les références aux années 1970 se glissent discrètement dans les cols pointus, les surchemises en suède et les manteaux longs. L’ensemble compose une silhouette urbaine, contemporaine, où la liberté de mouvement prime. Il s’agit ici d’une mode pratique et nostalgique.

Les foulards dessinés à la main et les bijoux à breloques parisiennes apportent une touche d’esprit local. Détail inattendu, les tongs à bout pointu, pour l’ironie estivale et briser avec la rigueur des tissus. 

Les conversations se mêlent au bruit de la ville, les regards se croisent sous la lumière incertaine d’un ciel d’orage. Mattiussi y tenait à son vrai Paris.

Contenu médiatique : Demona Lauren
Photographie solo : Minoli Ramis pour DL Team
Défilé : AMI Paris

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Posted by:Demona Lauren

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